Ce texte propose de voir comment l’usage du son répété, particulièrement les effets de battements et de pulsations, est constitutif de la poétique fantastique de Poe et comment ensuite son adaptation au cinéma confirme sa qualité de motif spécifique. À travers l’étude d’œuvres cinématographiques, il apparaît que ce motif sonore prend différentes formes, audibles et visuelles. L’analyse esthétique permet de voir non seulement à quel point il s’avère essentiel dans la restitution des récits et de la poétique de Poe, mais également comment il a pu être à l’origine de la création d’un fantastique cinématographique et de dérèglements visuels dépassant le cadre des adaptations des œuvres de l’écrivain américain. L’étude de la circulation de ce motif d’un film à l’autre, dans ce texte, part de sa présence la plus évidente (dans les adaptations sonores et parlantes) à sa capacité de perturbation visuelle (très sensible dans les œuvres du cinéma muet), pour finir par les traces que l’on peut déceler dans des films a priori éloignés des textes de Poe. Outre les textes de l’auteur, les films suivants sont analysés : La Chute de la maison Usher (M. Webber et J. S. Watson, 1928), The Telltale Heart, C. F. Klein, 1928), La Chute de la maison Usher (J. Epstein, 1928), Psychose (A. Hitchcock, 1960), L’Empire de la terreur (R. Corman, 1962), Massacre à la tronçonneuse (T. Hooper, 1974), Shining (S. Kubrick, 1980), Le Système du Docteur Gourdon et du Professeur Plume (C. Chabrol, 1981), Deux yeux maléfiques (D. Argento et G. A. Romero, 1990).