La temporalité dans Les Lettres Neuchâteloises : une construction géométrique entre temps forts et temps faibles - Université Toulouse - Jean Jaurès Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2023

La temporalité dans Les Lettres Neuchâteloises : une construction géométrique entre temps forts et temps faibles

Rosa Palamaris

Résumé

Les Lettres Neuchâteloises d’Isabelle de Charrière sont considérées comme appartenant au genre du roman épistolaire alors même que leur brièveté devrait attirer l’attention : seulement trente lettres constituent ce roman, dont certaines de quelques lignes. Or, l’étude de la temporalité du roman révèle une œuvre pensée avec une rigueur presque mathématique, support d’une construction géométrique. Les étapes qui ponctuent l’oeuvre sont des points d’orgue : au premier tiers correspondent les topoï du bal et du premier regard échangé entre Henry et Marianne dans les deux seules lettres datées avec exactitudes ; le milieu de l’oeuvre est une invitation à une relecture du temps écoulé par le biais d’une analepse ; au dernier tiers de l’oeuvre, un coup de théâtre : une jeune fille, Julianne C. est enceinte d’Henry et c’est précisément Marianne qui lui annonce. A ces moments forts s’opposent des temps faibles, non datés. Or, tant l’ouverture de l’oeuvre que sa clôture sont des temps faibles, laissant l’oeuvre à son indéfinition frontalière. Celle-ci correspond à la temporalité commune des deux amants qui passent outre les clôtures structurelles. Si le parallélisme est intéressant, il interroge sur le sens d’une œuvre laissée en suspens quant à la résolution de l’intrigue amoureuse alors même que la temporalité est partagée. L’inachèvement temporel ne mime-t-il pas alors l’inachèvement du sens de l’oeuvre qui semble en un premier temps rester ouvert ? De plus, l’étude des trois formes de datations – absence de datation ou année seule ; datation imprécise ; datation précise – fait apparaître des relations entre les personnages, des focalisations successives et distinctes sur les deux amoureux et le caractère esseulé de la jeune fille séduite. Le tempo de ces séquences reflète cette structure temporelle ternaire : aux longues lettres succèdent des lettres de plus en plus courtes, jusqu’à ne former qu’un paragraphe ou quelques lignes à partir du deuxième tiers de l’oeuvre. C’est bien un rythme qui s’affole, évoquant, au sein même du quotidien, la manifestation du tragique alors même que les deux dernières lettres sont des déclarations d’amour mutuel, mais en suspens. In fine, la temporalité des Lettres Neuchâteloises semble combler le silence du texte sur le sort de Marianne, double esseulé de Julianne C.

Domaines

Littératures
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04317799 , version 1 (01-12-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04317799 , version 1

Citer

Rosa Palamaris. La temporalité dans Les Lettres Neuchâteloises : une construction géométrique entre temps forts et temps faibles. 7ème Colloque international de l’European Network for Short Fiction Research, Université de Manchester, Oct 2023, Manchester, Royaume-Uni. ⟨hal-04317799⟩

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