« Caligula et les discrimina ordinum au théâtre. La lecture politique et morale de Flavius Josèphe (AJ, 19.1-273)
Résumé
The emperor was the guarantor of order in the theater, and his behavior had to strike the right balance between too much interest in the spectacle and indifference. He was often involved in partisan activities, as shown by certain passages from Fronton and Suetonius. In the historiographical tradition, two emperors, Caligula and Nero, are accused of taking pleasure in brawls in the audience or intentionally causing disturbances. Among the means they allegedly used to sow discord among spectators were either behaving as "standard-bearers" for factions (Signifer simul ac spectator aderat, Suet., Nero, 26.5) or distributing gifts among the audience. Flavius Josephus (XIX, 75-91) introduces his lengthy narration of Caligula's assassination at the theater by describing disorder created by the emperor, disrupting the rules of separation between social orders and genders. The anecdote, which establishes a political and moral connection between the context (a tragic performance that the emperor wants to control) and the event (the assassination of a tyrant), presents Caligula's murder as an "instructive tragedy" and leads the reader to draw a lesson in political morality that encourages skepticism about its historical accuracy.
L’empereur était le garant de l’ordre au théâtre et son comportement devait trouver la juste mesure entre intérêt trop marqué pour le spectacle et indifférence. Il était souvent engagé dans une activité partisane, comme le montrent certains passages de Fronton et de Suétone. Dans la tradition historiographique, deux empereurs, Caligula et Néron, sont accusés d’avoir pris plaisir aux rixes dans le public ou volontairement suscité des troubles. Parmi les moyens dont ils auraient fait usage afin de susciter la discorde parmi les spectateurs, figurent régulièrement soit un comportement de «porte-enseignes» des factions Signifer simul ac spectator aderat (Suét., Nér., 26,5), soit les distributions de cadeaux parmi les spectateurs. Flavius Josèphe (XIX, 75-91) introduit sa longue narration de l’assassinat de Caligula au théâtre par la description d’un désordre créé par l’empereur, qui bouleverse les règles de séparation des ordres et des sexes. L’anecdote, qui établit un lien politique et moral entre le contexte (une représentation tragique que l’empereur veut maîtriser) et l’événement (l’assassinat d’un tyran), présente l’assassinat de Caligula comme une « une tragédie édifiante », et conduit le lecteur à en tirer une leçon de morale politique qui l’invite à douter de sa véracité historique.
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