Un « point de vue régionaliste » sur la question de l’assimilation des étrangers, voilà la proposition inédite formulée par une des figures de l’occitanisme gascon du début du XXe siècle. Dans les tout derniers mois de la Première Guerre mondiale, en prévision du sortir de ce que chacun peut déjà percevoir comme ayant été la « Grande Guerre », aux conséquences irréversibles, une communication publique livrant une « approche régionaliste des problèmes d’immigration » est en effet présentée par Bernard Sarrieu, félibre éminent du Sud-Ouest, normalien, professeur agrégé de philosophie au Lycée Ingres de Montauban et membre de l’Académie du Tarn-et-Garonne. Lecture en est faite en 1918 devant cette institution, puis aux « Journées régionalistes ». Cette contribution intellectuelle originale invite à être étudiée dans la perspective ouverte par le XIIe congrès de l’AIEO, celle de la « fidélité » à l'Occitanie et au caractère occitan – fidélité entendue comme transmission, préservation, reviviscence, voire régénération d’un héritage dont on précisera les différentes dimensions. La notion antinomique serait moins, en ce cas, celle de « dissidence » que tout ce qui toucherait aux risques inverses de reniement, d'abandon, d’effacement, de dilution, de corruption… Cette illustration particulière du thème du congrès appelle au braconnage intellectuel sur un terrain à l’interface de plusieurs domaines d’études. Le propos n'est donc pas articulé à l’historiographique des études occitanes ni à l’analyse des courants et milieux occitanistes, mais replacé dans le cadre de l’histoire de l’immigration en France. Il s’agit de relever et rapporter ces idées et propositions « régionalistes », et revendiquées telles, au regard des enjeux migratoires de l’époque et des représentations et discours sur le sujet.