Les dernières années ont été marquées par une prolifération des travaux sur le rôle des informations sensori-motrices dans le traitement des mots, ainsi que des normes psycholinguistiques visant à en saisir les différentes dimensions (e.g. concrétude, forces d’action et de perception, manipulabilité). Celles-ci sont cruciales pour la sélection des stimuli expérimentaux, permettant notamment le contrôle des effets susceptibles d’influencer les résultats et ainsi d’assurer la validité des études. Leur disponibilité croissante, ainsi que celle des méga-études, permet par ailleurs de réaliser des analyses sur des centaines – voire des milliers – de mots afin d’étudier les processus sous-jacent leur reconnaissance et leur traitement. Cependant, et malgré leur importance, la validité méthodologique des normes n’a été que très peu étudiée. A travers des données que nous avons recueillies sur la manipulabilité des objets, nous illustrons ici une limite fondamentale de la procédure typiquement utilisée pour l’obtention des normes : le midscale disagreement problem. Nous explorons en particulier trois conséquences majeures qui découlent de ce problème et qui peuvent porter atteinte à la fiabilité des études grâce à des exemples concrets provenant de la littérature. Nous proposons finalement quelques recommandations de bonnes pratiques à adopter pour l’usage des normes.