Les Lettres persanes construisent une réflexion pessimiste sur le temps à travers une déconstruction du temps linéaire. En effet, les retours en arrière semblent dans un premier temps correspondre à la distance géographique et au temps induit par le cheminement du courrier, souci de vraisemblance ; il est pourtant apparu que des exceptions - concernant tant le scripteur que la structure analeptique elle-même – relevaient de choix esthétiques et induisaient une forme de pessimisme auctorial. Si le temps linéaire est mis à mal, la construction rythmique est quant à elle porteuse de la tonalité tragique. En effet, au désir impuissant de s’inscrire dans le temps linéaire par le choix d’un tempo lent, s’oppose le tempo rapide des coupes verticales - définies par Laurent Versini dans son étude des Liaisons dangereuses - qui nous entraîne vers la mort. Construire un tempo romanesque, pour Montesquieu, n’est-ce pas alors mettre en évidence la tension entre le désir de s'enraciner dans le temps linéaire et l'impossibilité d'y parvenir ?