Un substitut au travail légal : l’exemple toulousain du deal dans un quartier populaire
Résumé
Le Colloque :
Corinne POUIT, Directrice territoriale PJJ Haute-Garonne/Ariège/Hautes-Pyrénées. (Discours d'ouverture).
"Avec cette démarche de colloque partenarial, l'idée est de comprendre les trafics, la place des plus jeunes pour mieux prévenir, partager les pratiques, pour imaginer de nouvelles modalités d'action possibles, inscrites dans un réseau de proximité.
Comment chaque institution peut-elle se saisir de ce problème et agir de concert avec les autres ? Comment lutter contre l'argent facile ? Sans doute en cherchant des expériences et des réflexions menées selon une approche éducative en réponse à ces transgressions
Comment réussir à sortir les jeunes de ces réseaux ? Comment faire le deuil de ces liens ?
Ce colloque a été organisé avec l'appui des fonds MILDECA et a vu le jour suite à ces différents questionnements. Et nous avons aujourd'hui choisi de l'ouvrir le plus largement possible. Vous êtes aujourd'hui entre 120 et 130 personnes présentes, représentant différentes institutions telles que l'Éducation nationale, la police, le groupement de gendarmerie et les tribunaux judiciaires, venus de la Haute-Garonne, de l’Ariège, des collectivités, de Toulouse Métropole, de la Mairie de Toulouse, les associations partenaires comme les missions locales, l’AJT, l’Amicale du Nid…".
Ma communication
A l'occasion de cette communication j'ai essayé de prendre et de restituer le point de vue de certains jeunes qui sont impliqués dans le trafic de stupéfiants. Cette recherche pour la situer, a débuté dans le cadre d'un mémoire de Master « politique enfance jeunesse », qui a fait l'objet d'un ouvrage aux éditions l'Harmattan. Son point de départ, ce qui a suscité mon intérêt pour cette activité, c'était de me poser la question : c'est quoi cette activité ? Il s'agit bien de l'activité de revente de drogue, en vente publique postée c'est-à-dire sur un point fixe, souvent en pied d'immeuble. Mais il s'agit de se reposer la question en essayant de déconstruire la vision d'éducateur que j'avais, en tout cas ma vision. Celle-ci était assez simple : c'est une pratique illicite, c'est dangereux pour la jeunesse. Alors oui, c'est illicite et oui, ça comporte des risques pour la jeunesse. Mais c'est aussi quelque chose, que j'avais du mal à percevoir au départ, qui s'inscrit dans un monde professionnel. Cette dimension professionnelle, je refusais un peu de la prendre en compte parce que le caractère illégal de la chose m'interdisait de lui attribuer le statut de travail.
Mon propos à l'occasion de ce colloque a consisté à prendre en compte le trafic comme un travail et ce fût l'occasion de percevoir le regard des jeunes par rapport à ce travail de dealer, mais aussi d'une façon plus large, leur rapport au travail, leur regard sur le travail légal. Il s'agit donc d'une démarche de type ethnographique consistant à transformer le regard en langage et d'entendre ce que les jeunes disent et de voir ce qu'ils font. En d'autres termes observer les acteurs et à prendre leurs points de vue (Blumer, 1966).
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