La philosophie des Lumières installe durablement lidée que lhistoire a un sens, quelle manifeste un progrès irréversible des connaissances et des moeurs. Le XIXe siècle, avec Hegel puis Marx, fixe pour longtemps le principe dun déterminisme historique, quil sagisse dune causalité spirituelle ou matérielle. Lidée de hasard a peu de crédit dans cette configuration. Les bouleversements imprévisibles des guerres mondiales, des révolutions et des contre-révolutions qui ont ponctué les XXe et XXIe siècles obligent pourtant les penseurs à introduire lidée de tournants aléatoires qui auraient pu ne pas avoir lieu, notamment en prenant en compte les incertitudes des décisions politiques. Il est donc nécessaire de faire un retour sur les événements et les théories pour y déceler les éléments dune présence (fugace ou affirmée) du hasard. Ce que nous appelons hasard nest et ne peut être que la cause ignorée dun effet connu. Voltaire, Questions sur lEncyclopédie, par des amateurs, art. « Atomes » (1770) * Et vero incivile est, nisi tota Lege inspecta judicare, ut ajunt Jure consulti [Il est en effet injuste, comme disent les juristes, de juger avant davoir examiné la loi toute entière] Leibniz, De rerum originatione radicali (1697) ** Remerciements Caractère schématique/et peut-être inachevé du propos-> thèse à finir. Parler de « hasard dans lhistoire » pose au moins deux questions : 1/ celle de lhistoire et plus précisément de savoir si elle a un « sens » et si oui quel peut-il être, càd à nouveau, deux questions : a) celle de son orientation/direction b) celle de sa signification, des signes qui instruisent de sa visée (de son orientation). Cette première question peut être reformuler comme celle de lexistence, ou non, dune nécessité historique, entendue comme une force ou une puissance déterminée et implacable à laquelle il est impossible de sopposer, autrement dit, une forme dirréversibilité. Cela implique alors, en toute nécessité aurais-je envie de dire, lidée, sinon dun terme au moins dun point daboutissement ou darrivée de lhistoire, et réciproquement lidée dune cause, dune détermination de son mouvement. Du coup, cest aussi la question de lhistoire qui est posée. Car ce nest pas tant une chose, quun mouvement ou mieux un processus, tous deux historiques dailleurs, de telle sorte que lhistoire aussi est historique finalement. La question qui surgit alors De quoi lhistoire est-elle le nom ? Communication au colloque, Le hasard dans lhistoire, organisé par lAcadémie polonaise des sciences de Paris (PAN), le Groupe d'études du matérialisme rationnel (GEMR), avec le soutien de la Fondation Gabriel Péri et de la revue La Pensée, Paris, Académie polonaise des sciences, 12, 13 et 14 février 2019.